La profession d'avocat en Suisse : Études, salaire, spécialisations
Les origines du métier d’avocat dans l’histoire sont très anciennes. Les avocats ont même joué un rôle dans l’évolution du droit au fil des siècles. Longtemps réservé aux classes supérieures, l’accès au métier d’avocat s’est démocratisé et permet aujourd’hui aux plus modestes d’exercer cette profession prestigieuse.
Quelles études pour devenir avocat en Suisse ? Filière du droit
L’accès à la profession d’avocat se fait en quatre étapes :
- Bachelor en droit (six semestres)
- Maîtrise en droit (trois semestres)
- Stage (durée variable en fonction des cantons, 18 mois à Genève, 24 mois à Lausanne)
- Examen final
Le chemin est donc assez long, la durée totale représente six ans et demi d’apprentissage.
École d'avocature de Genève - Une particularité du canton de Genève
Pour devenir avocat à Genève, il existe une spécificité genevoise qui est l’école d’avocature. Le passage à l’école d’avocature est obligatoire et dure un semestre. La formation dispensée à l’école d’avocature a pour but de renforcer les connaissances des étudiants avant ou pendant le stage d’avocat.
La création de l’école d’avocature à Genève a permis de faire passer le taux de réussite de l’examen final de 50% en moyenne à 80%.
Est-ce difficile de devenir avocat en Suisse ?
Le chemin d’accès à la profession d’avocat présente deux obstacles majeurs.
Au niveau des études ce sont surtout les deux premières années du Bachelor de droit qui peuvent en décourager plus d’un. Le droit nécessite d’acquérir un mode de raisonnement et une logique juridique. Ces éléments sont primordiaux et constituent la base du travail d’un homme de loi. On dit souvent de cette période qu’elle formate le cerveau aux métiers juridiques. Les trois qualités les plus importantes à posséder pour franchir les premières années d’études sont la logique, la mémoire et la minutie.
Le second obstacle est surtout fonction des cantons. En effet l’accès à la profession d’avocat passe obligatoirement par le stage. Or dans certains cantons comme celui de Genève, il y a plus de demandes de stage que d’avocats disposés à recevoir un stagiaire. Dans cette situation seuls les meilleurs profils ou ceux qui disposent de contacts réussissent à trouver un stage. Heureusement pour les autres, ils peuvent se tourner vers d’autres professions du droit telles que juge, greffier etc.
L’examen final peut a priori intimider les étudiants. Il arrive cependant toute fin d’études et relève plutôt d’une dernière session d’examen que d’une réelle épreuve. Le taux d’échec est bas si l’on prend en compte le taux d’échec d’autres pays. Dans l’État de Californie le taux d’échec était de 72.7% en 2018, en France le taux d’échec était de 66% en 2018.
Qualités requises pour devenir avocat ?
Des qualités différentes vont être nécessaires durant les études de droit puis durant l’exercice de la profession d’avocat.
Durant les études il est surtout avantageux d’être travailleur, d’avoir une bonne mémoire, d’être logique et minutieux. Beaucoup pensent à tort qu’il suffit d’apprendre par cœur, ce qui est une erreur. Durant l’exercice de la profession ces qualités sont bien entendu toujours utiles mais parfois insuffisantes. Pour être un bon avocat il est par exemple utile de développer une certaine roublardise et d’exceller dans la négociation.
Quel est le salaire d'un avocat ?
Les revenus d’un avocat vont dépendre de la manière dont est exercée l’activité. L’activité peut être exercée comme avocat salarié, comme avocat associé ou comme avocat indépendant.
L’avocat salarié aussi appelé avocat collaborateur est employé par un cabinet d’avocat et touche un salaire mensuel fixe qui évolue au fil des années. La Fédération Suisse des Avocats a calculé qu’en 2017 le salaire annuel moyen d’un avocat collaborateur était de CHF 134’000. Ce chiffre reste assez peu représentatif car il s’agit d’une moyenne. Le salaire d’un avocat suisse varie en fonction de son ancienneté, du canton et de la taille du cabinet. Certains cabinets reversent une partie des bénéfices à leurs avocats salariés comme bonus pour le travail effectué.
L’avocat associé est à la fois salarié et actionnaire d’une société d’avocats. Cette société est composée de plusieurs associés. Il touche ainsi deux types de rémunérations. Il touche un salaire et une partie des bénéfices du cabinet en fonction des parts ou des droits qu’il détient dans la société. Ici les revenus sont très variés et vont dépendre de la taille du cabinet et de l’importance de la clientèle.
Les avocats collaborateurs tout comme les avocats associés ont bien entendu la possibilité de se constituer leur propre clientèle qu’ils facturent directement.
L’avocat indépendant exerce dans une étude individuelle. Il peut exercer par le biais d’une entreprise individuelle ou d’une société. Dans les deux cas il touche la totalité des bénéfices puisqu’il est le seul propriétaire de l’entreprise individuelle ou actionnaire unique de la société. Il peut également recruter des avocats collaborateurs qui eux toucheront un salaire fixe. Ici encore les revenus de l’avocat indépendant vont dépendre de son volume de travail.
Il faut également savoir qu’un cabinet a aussi des charges d’exploitation (loyer du bail, salaires du personnel etc) qui viennent nécessairement réduire les bénéfices. Les charges d’exploitation couvrent selon la Fédération Suisse des Avocats plus de la moitié des honoraires d’un avocat.
Les revenus des avocats associés et indépendants sont en moyenne plus élevés que le salaire d’un avocat collaborateur mais le risque encouru est plus élevé (volume de clientèle variabe, responsabilité professionnelle du cabinet, charges d’exploitation etc.).
Types d'avocats - Les spécialisations
La loi peut être particulièrement complexe dans certains domaines du droit. Les avocats sont parfois obligés de se spécialiser et faire carrière dans un seul domaine du droit ou type d’opérations juridiques, par exemple les fusions et acquisitions. On trouvera des avocats hyper spécialisés dans les très grandes structures comme les cabinets d’avocats internationaux ou les big 4 (Deloitte, Kpmg, EY, Pwc). C’est en quelque sorte des spécialisations dans la spécialisation, par exemple un avocat spécialisé dans la fiscalité, et spécialisé dans la TVA.
Des avocats peuvent aussi choisir d’être généralistes. Ils travaillent ainsi dans des domaines généraux du droit moins complexes tels que le droit du bail, le droit de la famille ou encore le droit de la responsabilité civile. Pour voir des exemples d’avocats spécialisés vous pouvez voir nos pages d’avocats spécialisés à Genève ou à Lausanne.
Pour être plus concurrentiels, plusieurs avocats peuvent aussi choisir de s’associer et former un cabinet composé d’avocats chacun spécialisés dans un ou deux domaines afin de proposer des services à la fois qualitatifs et variés.
Comment se spécialiser en tant qu'avocat ?
La spécialisation d’un avocat peut se faire à deux périodes, durant les études puis durant les premières années d’exercice.
Les études de droit en Suisse sont assez généralistes et il existe peu de Maîtrises spécialisées. Le programme des cours durant le Bachelor et le Master n’est pas totalement verrouillé et il est possible de choisir d’étudier des domaines du droit en particulier. Ce n’est pas de la spécialisation à proprement parler mais un premier pas vers la spécialisation.
Il existe également des diplômes spécialisés comme les CAS, LLM ou MAS qui peuvent être suivi après l’obtention de la Maîtrise. Ces diplômes sont en général assez professionnalisant et sont appréciés des recruteurs.
L’avocat peut également se spécialiser au fil du temps, des affaires et des dossiers qu’il accepte. Cependant un avocat travaillant seul ou dans un petit cabinet pourra difficilement se spécialiser dans des domaines complexes. En effet, les dossiers complexes (litiges, montages juridiques et fiscaux etc.) ne s’obtiennent qu’avec d’importants clients comme des multinationales. Ces entreprises font en général appel à de grands cabinets.
C’est pour cette raison que beaucoup de jeunes avocats cherchent à être recrutés dans les grands cabinets afin de pouvoir travailler et acquérir de l’expérience sur des dossiers complexes.
C'est quoi être avocat ? avantages et inconvénients
La majorité des heures de travail d’un avocat généraliste se concentrent sur la rédaction de courriers, de conclusions et d’argumentaires pour les futures plaidoiries. Les plaidoiries ne sont qu’une petite partie du métier d’avocat. Le métier d’avocat comporte également beaucoup de tâches administratives. Ainsi la majorité du travail d’avocat se fait au cabinet.
Les avocats exerçant dans les importants cabinets ou en big 4 vont principalement fournir des avis de droit à différents services de leur propre structure ou directement aux clients. Ils peuvent également intervenir ponctuellement sur des montages juridiques ou fiscaux. Ainsi par exemple un avocat d’une big 4 interviendra au cours du processus d’une fusion-acquisition sur le volet juridique ou apportera un avis de droit sur un litige contractuel d’un client.
Parmi les inconvénients du métier se trouvent le stress important et la charge de travail qui peut être très élevée. Du côté des avantages, la profession ne connaît pas la crise et ne manque pas de clientèle. La profession d’avocat est semble t-il une profession qui a toujours de l’avenir puisqu’elle est difficilement remplaçable par l’intelligence artificielle.
Le métier d’avocat fait partie de ceux où le talent, l’implication et l’intelligence peuvent véritablement faire la différence face aux autres praticiens. C’est une profession épanouissante pour les personnes appréciant le défi, la compétition et orientées résultats.
Un avocat étranger peut il venir s'installer et exercer en Suisse ?
Il est possible pour un avocat étranger de venir exercer en Suisse. Une représentation ponctuelle n’exige pas de démarches particulières mais un exercice permanent de la profession d’avocat en Suisse nécessite un certain nombre de formalités. L’avocat étranger doit donc obéir aux dispositions des articles 27 et suivants de la Loi fédérale sur la libre circulation des avocats (LLCA). Ces dispositions concernent les avocats ressortissants des états membres de l’UE et de l’AELE.
Il faut distinguer l’inscription au registre cantonal et l’inscription au tableau des avocats membres de l’UE et de l’AELE.
L’inscription au tableau des avocats membres de l’UE et de l’AELE est possible sans conditions et permet à l’avocat étranger d’exercer de manière permanente en Suisse mais seulement sous son titre d’origine (art. 27 LLCA). Cependant l’avocat inscrit à ce tableau ne peut pas effectuer seul les procédures où l’assistance d’un avocat est nécessaire, il doit obligatoirement agir de concert avec un avocat inscrit au registre cantonal (Art. 23).
L’inscription au registre cantonal des avocats, il s’agit du registre « officiel » où les avocats suisses sont inscrits. C’est l’inscription à ce registre qui permettra à l’avocat étranger d’exercer de manière permanente en Suisse et sans avoir à faire appel à un confrère pour les actes de procédure. L’inscription au registre cantonal des avocats est ici soumise à des conditions (art. 30 et suivants LLCA), l’avocat étranger dispose de trois solutions :
- Avoir passé une épreuve d’aptitude. Cette épreuve est similaire à l’examen cantonal d’accès à la profession d’avocat (trois essais maximum)
- Avoir été inscrit pendant trois ans au moins au tableau des avocats pratiquant sous son titre professionnel d’origine et exercé de manière régulière une activité en droit suisse pendant une durée équivalente.
- Avoir été inscrit au tableau des avocats étrangers pendant une durée d’au moins 3 ans et – sans pouvoir justifier de trois ans d’exercice en droit suisse – avoir passé un entretien de vérification de compétences professionnelles auprès de la commission cantonale des examens d’avocats.
Un avocat inscrit dans un canton peut-il plaider dans un autre canton ?
La réponse est oui. L’article 4 de la loi fédérale sur la libre circulation des avocats dispose qu’un avocat inscrit à un registre cantonal est autorisé à « pratiquer la représentation en justice en Suisse sans autre autorisation ».
Cependant le droit fédéral autorise parfois le droit cantonal à édicter ses propres règles, notamment en termes d’organisation judiciaire. L’avocat qui souhaitera plaider dans un autre canton devra donc être aux faits du droit cantonal local.